Insvestir les pieds d'immeubles

Favoriser les initiatives... Comment ? 


« Il faut lier la construction sociale à la construction de l’espace »
Clemens Back

Afin de favoriser l’appropriation et les petites initiatives qui font la vie d’une cité, nous proposons un « fractionnement du grand ensemble ». Ce fractionnement loin de le dénaturer permettrait de le ramener à une échelle plus humaine : celle de ses habitants.

Pour ce faire, nous nous sommes inspirées d’une observation de grands ensembles bulgares, où la gestion se fait,  d’un accord tacite entre les habitants, non pas à l’échelle de la cité, mais à celle des cages d’escaliers (immeuble).
Il résulte de cette gestion collective une appropriation des lieux, une fertilité d’usages, une connaissance et des liens sociaux entre voisins.

Si l’on transposait ce modèle à la cité Negreneys, nous pourrions imaginer une gestion en copropriété pour chaque immeuble (une barre étant composée de plusieurs immeubles). La gestion d’un immeuble, plus attractive et plus abordable que la gestion d’une cité entière, touche directement ses habitants et devrait favoriser les initiatives.
Il s’agirait ainsi de donner plus de liberté à chacune de ces copropriétés d’immeubles dans le but d’aboutir à un ensemble vivant qui appartienne à ses habitants, de mener les habitants, par l’appropriation, à révéler les qualités de leur cité et de son jardin.

Rythmer le parcours : aménagement des frontages



« La limite n’est pas ce où quelque chose cesse, mais a lieu, comme les Grecs l’avaient observé, ce à partir de quoi quelque chose commence à être. » 
HEIDEGGER

Qu'est-ce qu'un frontage ?

Le terme "frontage" désigne le terrain compris entre la base d'une façade et la chaussée.
Il peut être public ou privé.

Comment ?

De part sa forme, son époque de construction et l’idéal qu’elle représentait alors, les frontages de la cité peuvent être vécus comme durs et austères. Austérité, que le bardage coloré émaillé à probablement tenté d’atténuer dans les années 80.

Mais le changement de revêtement n’est pas l’unique façon de rendre un lieu aimable et accueillant.
Nous proposons de travailler le frontage des bâtiments, c’est-à-dire la partie avant d’une construction située entre la façade et le trottoir de la rue. Le travailler en le rythmant, par des interventions minimes laissant libres cours à l’appropriation. Les bâtiments actuellement construits au ras des trottoirs pourraient ainsi arborer un banc ou un rosier grimpant qui inviteraient à d’autres usages.
Nous pensons que les clôtures, grillages ou haies n’ont pas pour seule fonction d’interdire l’accès, mais aussi de matérialiser et de définir une limite. La limite est alors un élément, un composant de notre environnement et non un simple obstacle physique. L’espace environnant une limite ne devrait pas être vécue comme un « no mans land » mais au contraire, comme une interface fertile d’interactions entre le public et le privé. C’est à cette seule condition que l’espace entre la porte et la rue devient une « antichambre », un sas, une gradation du public vers le collectif, puis l’intime.
Il s’agit de ramener de la douceur et de l’humanité dans les transitions, parfois brutales, que propose un grand ensemble.

Qu’est-ce que cela changerait ?

Arpenter la cité, la traverser, rentrer chez soit ne serait plus vécu comme une expérience aliénante, mais comme une flânerie agréable, un moment de transition.
La cité vivante, ne serait plus une « cage à poule » mais un endroit où l’on aime se promener, un endroit où l’on aimerait habiter.
Les barres d’immeubles deviendraient accueillantes abritant des lieux à investir (jardins partagés, rangement pour vélos et poussettes...).

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